Pierre Perrin : l’Évidence, un sonnet des Jours de pleine terre

Pierre Perrin, l’Évidence


Mes jours entre tes jambes, tes nuits dans mes bras,
C’était bon. Les heures comptaient doubles ; la joie
Ruisselait plus qu’un lys dans la chambre profonde
Au parfum de fruits frais que rappelaient tes lèvres.

Par-delà le jour à goût de vigne au clair des fenêtres,
Tu savais le nom de chaque oiseau, de chaque fleur.
Patiente, ton écoute de la poésie, du secret, de l’âme.
Ta tendresse adoucissait le pire froid. Tu aimais tout.

Et d’un même élan, peau contre peau, la tête au clair,
Nous versions où l’autre se rassemble en soi-même,
Chaque doigt promené aux dimensions de l’éternité.

Le désir alors pouvait s’enchanter et toujours parler.
L’amour écartelé, à l’oubli promis, a droit à la paix.
Le temps se meurt sans cri autour de tes yeux clairs.

Pierre Perrin, Des jours de pleine terre


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